Revenue-based financing (RBF) : tout savoir sur ce financement novateur
Si vous n’avez pas encore entendu parler du Revenue-based financing (RBF), ce guide complet sur ce financement nouveau en France va vous surprendre…
Au programme : des éclairages précis sur le fonctionnement de ce crédit alternatif, ses conditions d’octroi ainsi que les types d’entreprises financées, des exemples concrets de financement RBF et les avantages et inconvénients d’une telle solution apporteuse de cash. Enfin, vous y découvrirez les principaux acteurs du RBF en France !
Qu’est-ce que le revenue-based financing (RBF) ?
La traduction littérale de ce financement arrivé des États-Unis parle d’elle-même : le revenue-based financing est un financement qui se base sur les revenus. En quoi est-ce nouveau et comment fonctionne ce type de crédit ? On vous explique.
Revenue-based financing : définition et origine du financement
Le revenue-based financing, en abrégé RBF, consiste à prêter de l’argent en se basant sur l’analyse des revenus futurs des sociétés clientes et non sur leurs bilans comptables. Les États-Unis sont les précurseurs de ce financement court terme non dilutif alors que la France y accède depuis 3 à 5 ans seulement. Les acteurs français du RBF se comptent encore sur les doigts de la main.
Le RBF, comment ça marche dans la pratique ?
Pour bien comprendre comment fonctionne le revenue-based financing, voici l’ensemble des points à connaître pour une société qui envisage d’y recourir.
Un financement court terme renouvelable
Contrairement à une levée de fonds qui fait entrer de nouveaux investisseurs dans l’entreprise, le RBF constitue un crédit court terme donc sans dilution du capital. En outre, l’opération se renouvelle si nécessaire et les montants du prêt peuvent augmenter en relation avec la croissance du chiffre d’affaires.
Un prêt dont les remboursements sont modulables
Le revenue-based financing ne constitue pas un prêt bancaire classique car son remboursement demeure modulable selon les encaissements futurs. Cette flexibilité représente une caractéristique majeure du RBF.
Une analyse rapide et en ligne des demandes de crédit RBF
Avec ce financement court terme alternatif, les entreprises n’ont pas à monter de business plan ultra détaillé avec chiffrage d’un budget prévisionnel sur 3 à 5 ans. L’ensemble de la demande de crédit se réalise sur une plateforme en ligne en quelques jours, souvent 24 ou 48 heures maximum. Toute la démarche se digitalise grâce aux principes de l’Open Banking. Ainsi, les acteurs du RBF accèdent directement aux informations bancaires de leurs futurs clients.
Une rémunération des acteurs du RBF sous forme de commission
Les sociétés qui offrent des solutions de financement du type revenue-based financing prélèvent un pourcentage du chiffre d’affaires de leurs clients pour se rembourser et pour se rémunérer. Le taux de commission dépend de l’analyse du risque réalisée par l’organisme financeur ainsi que de la durée du crédit accordé.
Octroi du revenue-based financing : une analyse innovante
Comment les acteurs du RBF décident-ils d’accorder un financement aux entrepreneurs qui les sollicitent ? La démarche diffère sensiblement de celle des investisseurs classiques.
Comment les acteurs du RBF appréhendent-ils les demandes de crédit ?
L’entreprise en recherche de trésorerie décrit son projet au travers de questionnaires normés en ligne. Elle communique l’adresse web de son site. Elle explique la nature de ses besoins ainsi que son niveau de revenus. La plateforme RBF vérifie les conditions d’éligibilité du prospect.
L’organisme de crédit se connecte ensuite directement aux données du client avec son accord (banque, CRM, gestion commerciale, comptabilité, comptes Google Ads, Facebook Ads, etc.). Il procède alors à leur analyse afin d’évaluer sa prise de risque. Il répond à la demande de crédit sous un délai très court.
Une analyse prospective et non pas orientée sur les bilans comptables
Ce type de plateforme de financement ne vous demande pas de lui transmettre les 3 derniers bilans comptables. L’analyse se focalise sur la capacité future à rembourser le crédit avec les revenus à venir.
Par exemple, l’organisme prêteur se forge son opinion en lisant les KPIs des entreprises du type Software as a Service (SaaS). Il s’agit notamment des Annual Recurring Revenues (ARR) et des Monthly Recurring Revenues (MRR). S’y ajoutent le taux de churn (taux d’attrition) et le CAC (coût d’acquisition client).
Des méthodes de scoring basées sur de multiples indicateurs
Les plateformes en ligne de revenue-based financing se basent sur l’analyse de données fournies par les entreprises en recherche de financement. Friandes de datas bancaires comme commerciales, elles effectuent grâce à leurs algorithmes de scoring une cotation précise des dossiers. Elles réalisent certes des avances de trésorerie sur des revenus futurs, mais elles déploient une technologie d’analyse financière innovante.
Qui sont les clients du revenue-based financing ?
Pour le moment, ce mode de financement récent en France vise essentiellement les entreprises du secteur digital en phase de croissance. Mais, nous ne sommes qu’au début du RBF.
Un financement particulièrement adapté aux entreprises du numérique
Les sociétés en ligne présentent des comptes publicitaires (Facebook Ads, Google Ads, etc.). Elles disposent généralement d’un CRM voire d’un ERP ou d’outils de gestion administrative digitalisés. Elles utilisent parfois Stripe, Prestashop ou Shopify. C’est pourquoi elles entrent dans le cœur de cible des acteurs du RBF qui savent se connecter à ces outils pour réaliser leur analyse.
Le revenue-based financing : exemples d’accompagnement de la croissance
Le revenue-based financing transforme les futurs encaissements des entreprises en avance de trésorerie. C’est donc un mode de financement particulièrement adapté à la croissance des start-ups dont le développement parfois rapide exige du cash.
Exemple 1 : financement des stocks
Un site e-commerce prévoit un pic de ventes pour le Black Friday à condition de réserver son stock plusieurs mois en avance auprès des fournisseurs. Avec le RBF, il peut obtenir une avance de trésorerie correspondant à une quote-part de ses achats.
Exemple 2 : financement des dépenses publicitaires, marketing ou commerciales
Un SaaS commence à commercialiser son service en ligne sous forme d’abonnements. Pour développer les ventes, il a besoin de l’effet de levier que constituent le budget marketing ainsi que l’embauche de commerciaux. Avec le revenue-based financing, il dispose de la trésorerie nécessaire pour ces dépenses destinées à faire progresser les revenus récurrents futurs.
Les secteurs ciblés actuellement par les acteurs du RBF
Tous les organismes qui proposent le revenue-based financing privilégient actuellement les mêmes types d’entreprise du secteur digital et de la French Tech.
Les SaaS, des entreprises aux revenus récurrents par définition
Les entreprises qui proposent des services en ligne sous forme d’abonnements mensuels ou annuels se développent fortement ces dernières années. Ce sont par nature des sociétés qui présentent des revenus récurrents, situation idéale pour le RBF. En outre, les SaaS trouvent dans ce mode de financement une manière intelligente de transformer leurs MRR en ARR. En effet, l’organisme prêteur verse une quote-part des futurs MRR immédiatement comme si les clients avaient opté pour un abonnement annuel et non mensuel.
Sites e-commerce : financement des stocks et de la publicité
Les entreprises de vente en ligne sont confrontées au besoin de financement des stocks ainsi qu’à celui des dépenses publicitaires destinées à accroître l’activité. Les acteurs du RBF leur proposent des solutions pratiques avec parfois le paiement direct de ces dépenses pour leur compte sur la base des factures produites.
Le RBF, un financement demain pour les magasins physiques ?
Certaines plateformes de RBF envisagent déjà d’élargir ce financement non dilutif à d’autres domaines que le numérique. Imaginons qu’un commerce physique donne accès à ses données comptables, commerciales et bancaires. Rien n’empêcherait alors un organisme du RBF de lui avancer de la trésorerie pour ses ventes futures. Avec ces nouveaux marchés, le revenue-based financing semble promis à un bel avenir.
Quels sont les avantages et inconvénients du revenue-based financing ?
Le RBF constitue donc un modèle de financement intéressant pour obtenir une trésorerie immédiate et accompagner la croissance des jeunes entreprises digitales. Voici ses points positifs ainsi que négatifs.
Avantages du revenue-based financing
Commençons par les atouts du crédit RBF pour les entrepreneurs qui font ce choix dans le but d’optimiser leur trésorerie tout en conservant une gestion indépendante de leur affaire.
Une source de financement sans dilution du capital
C’est le premier avantage de ce financement participatif comparativement aux levées de fonds successives. Le RBF ne remplace pas ce type de financement dilutif, mais il le précède ou le complète. En effet, lever des fonds plusieurs fois auprès d’investisseurs fait courir le risque de perdre le pouvoir dans l’entreprise en diluant de plus en plus le capital.
Un crédit court terme rapide à mettre en œuvre sur des plateformes en ligne
Techniquement, le revenue-based financing se met très vite en place. La start-up, SaaS ou e-commerce perçoit les fonds en 48 h voire moins. Un crédit bancaire ainsi qu’une levée de fonds ne s’obtiennent pas sous un tel délai.
Le revenue-based financing accompagne la croissance
On peut même dire que cette solution de financement constitue un accélérateur de croissance. En apportant un flux de trésorerie disponible sans attendre l’acquisition de nouveaux clients, le RBF fonctionne en vrai levier. Vous dépensez en publicité et vous recrutez vos forces de ventes tout de suite et non pas dans plusieurs mois comme dans une stratégie de bootstrapping.
Le RBF, un moyen de compléter un plan de financement
Ce crédit professionnel tout sauf classique ne se substitue pas aux banques ni aux fonds d’investissement. Il accompagne les projets dans les phases de croissance. En ce sens, il complète judicieusement le plan de financement.
Un financement alternatif sans apport de garantie personnelle
L’absence de garantie personnelle pour obtenir un financement RBF constitue un avantage certain par rapport à un crédit bancaire classique. Les entrepreneurs écartés du prêt traditionnel pour ce motif trouvent alors dans le RBF une alternative simple.
Un crédit accessible aux entreprises sans trois bilans comptables clos
Même les jeunes entreprises qui présentent quelques mois d’existence peuvent accéder au revenue-based financing. Financer la croissance des entreprises sans augmenter d’abord son fonds de roulement ou sans passer par les banques devient enfin possible.
Les inconvénients du RBF
À côté de ces nombreux atouts, ce type de financement pour entreprises comporte aussi quelques désavantages qu’il vous faut connaître.
Un financement au coût élevé
Un crédit aussi souple, simple à obtenir en 48 h ou moins et sans garantie présente logiquement un coût plus élevé qu’un prêt classique. C’est une contrepartie financière aux avantages expliqués précédemment. Accélérateur de croissance et donc du chiffre d’affaires, le RBF demande de payer une commission comprise généralement entre 4 % et 9 % selon les dossiers et organismes. Ces royalties constituent en quelque sorte un coût d’acquisition client à ajouter aux dépenses publicitaires et commerciales.
Le revenue-based financing, un financement impossible pour la création d’entreprise
Pour accéder au RBF, une entreprise doit déjà présenter un chiffre d’affaires minimum et donc plusieurs mois d’existence. Dans la mesure où ce financement alternatif repose sur l’analyse des données commerciales effectives de la société, il ne peut en être autrement.
Des critères d’éligibilité à respecter
Chaque plateforme de financement fixe ses propres règles en matière d’éligibilité au RBF. Citons le nombre de mois d’existence de l’entreprise et le niveau de chiffre d’affaires annuel minimum. N’oublions pas l’acceptation de donner accès aux applications informatiques de la société.
Qui sont les acteurs du revenue-based financing en France ?
Voici un panorama des principaux acteurs français en matière de revenue-based financing. Pour être complet, ajoutez Morino, une entreprise d’origine américaine.
Karmen
Cet organisme spécialisé en financement RBF se dédie à tous les business qui présentent des revenus récurrents. Karmen vise donc une clientèle de SaaS, les sociétés de services, les éditeurs de logiciels comme les entreprises qui proposent des abonnements Direct to Consumer (D2C). Cette plateforme réalise ses offres de financement dans un délai de 48 h. Cet opérateur se finance lui-même par la levée de fonds effectuée en 2022 pour 22 millions d’euros, en capital et en dette.
Silvr
Cette plateforme de financement RBF a pour ambition de « donner toutes les clés aux entrepreneurs du numérique pour qu’ils puissent assurer leur propre succès ». Orienté également sur l’appui à la croissance du secteur numérique, Silvr constitue un des poids lourds du revenue-based financing en France voire en Europe. Il a réalisé une levée de fonds de 130 millions d’euros en 2022.
Silvr propose en plus des financements, des services comme des cartes de paiement ainsi que des outils, analyses et conseils pour la croissance des entreprises clientes.
Unlimitd
Cette plateforme spécialisée en revenue-based financing est un des derniers nés du secteur. Même si Unlimitd fait figure de Petit Poucet avec sa levée de fonds de 5 millions fin 2021, son développement permanent en 2022 le conduit à proposer une offre similaire à celle de ses concurrents. Les SaaS et les sites de vente en ligne, sans oublier bientôt les marketplaces, constituent ainsi le cœur de cible d’Unlimitd.
Le revenue-based financing, un financement d’avenir
Les entreprises du secteur numérique, et peut-être à terme issues de bien d’autres domaines, trouvent désormais dans le RBF une alternative au financement bancaire ainsi qu’aux multiples levées de fonds. En France, les offres des plateformes spécialisées s’étoffent et le marché encore balbutiant ne demande qu’à se développer.
Maxime Parra
Trader pour compte propre depuis 2010 et finaliste de la première saison des Talents du Trading BFM Business, Maxime Parra est diplômé du Programme Grande École de SKEMA Business School et d’un Master en Analyse financière internationale obtenu à la Faculté de finance, banque et comptabilité de Lille.
Des articles pour aller plus loin
RBF : Quelles sont les 3 meilleures solutions de Revenue-Based Financing ?
D’origine américaine, le Revenue-Based Financing (RBF) est une technique de financement qui commence à se développer en France. Et pour.
Comment intégrer la notion client dans les processus de transformation des banques traditionnelles ?
Fonctions Financières a rencontré Yalcin AVCIOGLU, directeur expérience client et collaborateur à la Caisse d’Épargne des Hauts de France, pour.
Front, middle, et back-office, quelles différences ?
Les banques d’investissement possèdent généralement trois grands pôles : le front-office, le middle-office, et le back-office. Voici leurs propriétés.