Améliorer sa gestion des risques de change
Avec l’intensification des échanges commerciaux entre zones monétaires, les entreprises se retrouvent aujourd’hui confrontées aux problématiques de gestion des risques de change de plus en plus tôt dans leur développement. Facteur clef de compétitivité dans un environnement toujours plus concurrentiel, et critère d’attractivité incontournable pour les investisseurs, la bonne gestion du risque de change reste LA clef pour réussir son développement à l’international.
Or, si les grandes multinationales savent s’organiser efficacement pour s’adapter au mieux aux variations du marché des changes, les entreprises intermédiaires restent bien désarmées face à la volatilité du marché des devises. Dans ces entreprises, une lourde responsabilité pèse sur les épaules du trésorier qui doit non seulement améliorer la gestion des risques de change, mais également communiquer efficacement sur les opérations de change qu’il réalise, et dont les bénéfices (pourtant bien réels !) ne sont pas toujours perçus à leur juste valeur par sa hiérarchie.
Dans cet article, nous avons choisi de vous présenter les 4 risques de change auxquels sont confrontés les trésoriers d’entreprises internationales, mais aussi et surtout les 4 pistes à suivre pour améliorer votre gestion de ces risques dans la pratique.
4 risques de change théoriques auxquels sont confrontés les Trésoriers
Avant de vous livrer nos recommandations pratiques, commençons par quelques rappels théoriques sur les différents risques de change.
Le premier risque de change est appelé risque transactionnel. Il qualifie le risque encouru par les entreprises qui vendent ou achètent dans d’autres zones monétaires. Pour ces entreprises, le taux de change comptabilisé lors de l’émission ou de la réception de la facture peut être différent du taux de change effectif, observé lors de la réception (ou de l’émission) des flux de trésorerie.
Voici un résumé des impacts pour les entreprises de la zone euro engagées dans des transactions en dollars (paire EUR/USD), en fonction de leur situation (importatrice ou exportatrice) et de l’évolution du taux de change observée entre la comptabilisation de l’opération et l’enregistrement du flux de trésorerie correspondant.
SITUATION | EVOLUTION TX DE CHANGE | IMPACT COMPTE RÉSULTAT |
---|---|---|
Entreprise IMPORTATRICE (paye ses fournisseurs internationaux en devises étrangères) | Hausse EUR/USD | Gains |
Baisse EUR/USD | Pertes | |
Entreprise EXPORTATRICE (reçoit des devises étrangères de la part de ses clients internationaux) | Hausse EUR/USD | Pertes |
Baisse EUR/USD | Gains |
Exemple : Une entreprise européenne IMPORTATRICE, qui paye ses fournisseurs internationaux en dollars, encoure un risque transactionnel. Si la paire EUR/USD baisse de 10% entre la comptabilisation de l’opération et l’émission du flux de trésorerie correspondant, cette entreprise enregistrera une perte de 10% sur le montant converti. Pour un montant de 100 000$ et une baisse de 10% de la paire EUR/USD de 1,1800 à 1,0620, cela se traduit par une perte de 10 000$ pour l’ entreprise, soit 11 800€.
Le deuxième risque de change, c’est le risque de change consolidation Groupe. Il qualifie le risque encouru par les entreprises qui combinent les bilans de filiales étrangères en un bilan national consolidé ; les revenus réalisés par les filiales étant soumis aux aléas du marché des changes lorsqu’ils sont rapatriés vers la maison-mère.
SITUATION | EVOLUTION TX DE CHANGE | IMPACT COMPTE RÉSULTAT GROUPE |
---|---|---|
Maison-mère européenne avec filiale internationale | Hausse EUR/USD | Pertes |
Baisse EUR/USD | Gains |
Le troisième risque de change est appelé risque économique. Il qualifie le risque encouru par les entreprises dont l’activité économique nationale est susceptible d’être affectée par le marché des changes. Par exemple, les entreprises du secteur touristique, implantées en France, et susceptibles de pâtir d’un euro trop fort qui découragerait les touristes étrangers ayant prévu de passer leurs vacances en France. Ou encore, certaines entreprises exportatrices qui ne seraient plus compétitives par rapport à leurs concurrents internationaux.Exemple : Une entreprise européenne, ayant son siège à Paris et une filiale à Londres, encoure un risque de change consolidation Groupe. Si la paire EUR/GBP baisse de 10% avant le rapatriement des revenus vers la maison-mère parisienne, le Groupe voit ses revenus fondre mécaniquement de 10%. Pour un montant de 200 000£ et une hausse de 10% de la paire EUR/GBP de 0,7800 à 0,8580, cela se traduit par une perte de 20 000£ pour le Groupe, soit 23 310€.
Enfin, le quatrième et dernier risque auquel les trésoriers ne pensent pas toujours, c’est le risque d’intermédiation. En effet, la plupart des entreprises n’ont pas la chance d’avoir une salle de marché interne ou directement accessible via leur banque. Dans ce contexte, ces entreprises s’exposent alors à deux aléas : un délai d’exécution trop important et des frais de change trop élevés. Pour ne pas attendre 3 heures avant d’obtenir un retour de votre conseiller bancaire parti en réunion, ou pour ne pas rogner vos marges par la répétition de virements internationaux aux commissions trop élevées, vous devez sélectionner avec soin votre intermédiaire financier et vos outils de gestion du risque de change afin de rester réactif et performant en toutes circonstances.
Quels que soient les risques de change auxquels votre entreprise est exposée, il existe quelques bonnes pratiques à mettre en œuvre pour améliorer votre gestion du risque de change.
4 pistes pratiques pour améliorer votre Gestion du risque de change
1 – La première mesure consiste à mettre en place une stratégie de couverture grâce à l’achat de contrats à terme sur le marché des devises. En effet, ces produits financiers dont la valeur dépend directement du niveau des taux de change permettent de sécuriser les opérations de change comme le ferait une assurance. Mieux encore, lorsque vos opérations s’échelonnent dans le temps, le recours aux contrats à terme permet parfois de bénéficier de taux de change plus avantageux que ceux proposés sur le marché au comptant en profitant des différentiels de taux entre zones monétaires.
2 – Deuxième mesure plus innovante cette fois, le recours aux alertes devises intelligentes pour saisir les opportunités comptables offertes par l’actualité du marché des changes. Que ce soit lors de l’annonce des résultats du Référendum britannique le 23 juin 2016 (alerte devise EUR/GBP) ou lors de la publication des résultats de l’élection présidentielle américaine le 9 novembre dernier (alerte devise EUR/USD), la volatilité était au rendez-vous sur le marché des changes. Et il valait mieux s’y être préparé en amont… Le positionnement d’une alerte devise permettait d’être alerté en temps réel du mouvement en cours afin d’effectuer les opérations de couverture éventuellement nécessaires.
3 – Troisième mesure, souscrivez à un logiciel web spécialisé proposant des services tout-en-un, capable de renforcer votre gestion du risque de change et d’augmenter votre productivité. Proposés le plus souvent sous la forme d’un abonnement, ces nouveaux outils de supervision du risque de change et d’aide à la décision, vous permettent aujourd’hui d’améliorer grandement vos performances sans changer d’environnement et tout en maîtrisant les coûts de votre organisation. Ces solutions digitales entièrement personnalisables sont plus que jamais sollicitées par la gestion de trésorerie moderne en quête d’un meilleur taux de change ; que ce soit par rapport au cours budget, au cours comptable, au cours proposé par la banque, ou aux cours des contrats à terme.
4 – Quatrième et dernière recommandation, le recours à un conseiller indépendant aux compétences certifiées capable d’effectuer une analyse complète de votre situation et de vous dénicher les meilleures idées. Privilégiez les missions indépendantes capables d’analyser votre activité de change à 360°. L’expertise développée par ces courtiers conseil en risque de change et trésoriers devise à la demande donne aujourd’hui accès à de nouveaux outils digitaux et intuitifs, capables de vous faire monter en compétences et de booster vos performances. Et si ces outils améliorent votre gestion du risque de change, ils améliorent aussi votre communication au sein de votre entreprise grâce aux fonctions de partage qu’ils intègrent.
A titre d’exemple, le contrôleur de contrats à terme développé par Yseulis permet à n’importe quel trésorier de connaître en temps réel les cotations des taux de change à terme, et donc de mieux négocier les taux de change proposés par la salle de marché. Et cet outil n’est qu’un exemple parmi d’autres. La création d’alertes devises intelligentes tenant compte des marges bancaires, paramétrables sur plusieurs niveaux sur le marché comptant et le marché à terme, associées aux évènements du Calendrier Economique et accompagnées d’avertissements multicanaux (Mails, SMS) pour tous les collaborateurs, ou encore les outils de diagnostic de vos taux de change, sont autant d’outils accessibles en mode Freemium.
Maxime Parra
Trader pour compte propre depuis 2010 et finaliste de la première saison des Talents du Trading BFM Business, Maxime Parra est diplômé du Programme Grande École de SKEMA Business School et d’un Master en Analyse financière internationale obtenu à la Faculté de finance, banque et comptabilité de Lille.
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